Thursday, May 10, 2012
"Pourquoi est-ce que j'hesite...?" Thank you, Edith for the Translation
« Pourquoi est-ce que j’hésite… ? » Presque pendant tout le mois, je suis restée assise avec le poème de Gunter Grass sur mon bureau – le battage d’amis d’au-delà des mers, la maladie, des rencontres, des vigies de paix, d’autres travaux d’écriture ont poussé plus profondément les mots du vieux poète dans la masse d’articles et d’emails que je réunis pour attirer votre attention pendant le temps que nous passons ensemble. Et peut-être quelque chose d’autre – est-ce que je me sentais trop effrayée pour dire ouvertement, je suis d’accord avec toi, vieil homme. Je sais que ta propre histoire agite tes mots, inspire la dénonciation, mais mon passé est différent, un passé juif. Tu étais simplement en train de constater l’évidence, qu’Israël l’Etat, par son implacable occupation sans cœur, mettait le monde en danger, que son silence bruyant sur sa propre possession d’armes nucléaires, tandis qu’il essaie de punir un autre Etat dans des mains « gueulardes », est d’une hypocrisie inacceptable, que le don d’exceptionnalisme accordé sans restriction à l’Etat israélien n’est pas un acte d’amitié, mais a en fait créé un état voyou sous un camouflage démocratique. J’aurai 72 ans, ce samedi, vieil homme, et comme toi, je regarde toutes les nuits la signification de mes jours, les journées accumulées dans le temps qui allaient plus lentement, qui semblaient avoir tout le temps du monde, pas les jours de maintenant – des jours qui se précipitent si implacablement, je me demande pourquoi ils ne s’accumulent pas bout à bout avec des soirées qui sont culbutées par les matinées
De Hannah à Haïfa, Mars 13, 2012:Une histoire d’amour impossible. Imaginez que vous soyez une personne palestinienne en Israël. Juste une minute. SVP. Imaginez que vous ayez rencontré un jeune homme ou une jeune femme et que vous soyez tous les deux tombés amoureux. Il se fait qu’elle ou lui est aussi palestinien. Ce n’est pas une grande affaire. Beaucoup de gens après tout finissent par épouser quelqu’un de la même culture. Vous étiez tous les deux très heureux. Juste pendant une minute, imaginez la joie d’être ensemble avec quelqu’un qu’on aime et que lui/elle vous aime aussi. Cette joie ne durerait pas longtemps. Pas même une minute. Pourquoi, demanderiez-vous n’avons-nous pas droit même à une minute de joie et de bonheur ? Eh bien, c’est votre malchance d’être née palestinienne. Pas un bon choix de nos jours. Pourquoi ? parce que l’un d’entre vous se trouve être citoyen de l’état d’Israël et il se fait que l’autre est né dans un endroit occupé par Israël depuis 1967 et qui est encore toujours sous occupation militaire. Pourquoi ? demanderiez-vous, quelle est la différence ? La loi israélienne décrétée par son parlement en 2003, ne vous laisserait pas vivre en Israël si vous étiez une telle Palestinienne, née dans ces terres occupées. Un tel être humain, homme ou femme, a la même langue, parfois même la même famille. Imaginez que nous nous soyons rencontré et que nous nous soyons mariés et qu’on pouvait rester ensemble en Israël uniquement avec une permission d’un an. Ce n’est pas si mal, pourriez-vous dire. Oui, mais pourriez-vous, juste une minute, imaginer d’avoir seulement la permission de rester ici et rien d’autre. Vous ne pourriez pas travailler légalement, ni conduire une voiture et vous n’auriez pas un passeport pour voyager. Vous ne pourriez pas étudier et vous n’auriez pas de sécurité sociale ou une assurance-santé. Pouvez-vous imaginer un moment, ce que ressentent 25.000 familles palestiniennes chaque jour, à chaque moment de chaque jour depuis 2003 ? Et s’ils voulaient quitter Israël une fois pour tout et aller vivre dans les territoires occupés par Israël, qu’est-ce qui cloche avec une telle décision ? Eh bien, mes amis, excusez-moi. Les citoyens israéliens, que vous êtes, ne sont pas autorisés à vivre dans aucune ville occupée par Israël en 1967 depuis que l’accord d’Oslo en aient fait des régions de la zone A. Les citoyens israéliens ne sont pas autorisés à vivre dans ces zones régions ou même les visiter. C’est interdit. Alors, que devrions-nous faire. Où devrions-nous vivre ? Vous n’auriez pas envie de le savoir, ou de le ressentir ou d’y penser. Vous avez de la chance, vous n’êtes pas un Palestinien. Il se fait que vous êtes un (une) citoyen israélien ordinaire qui est juif et pourrait épouser n’importe qui que vous aimez et vivre ici ou ailleurs. Pourquoi penser aux autres ?
Attaché à l’émail de Hannah ci-dessus, une lettre à envoyer par les gens concernés à l’ambassade d’Israël de votre pays :
Monsieur,Nous, étudiants et enseignants à ------------------------------- désirons exprimer notre préoccupation profonde suite à la décision récente de la Cour suprême israélienne concernant la validité de la « loi citoyenne » de 2003. Nous sommes fortement préoccupés par la situation de la famille Khatib. Lana Khatib est une Palestinienne de Jenin dans les Territoires occupés. Elle est dépositaire d’un diplôme en Economie de l’Université Al-Najah de Naplouse, elle a déménagé en Israël en 2005 pour vivre avec son mari dans sa ville d’Acre. Taiseer Khatib suit un doctorat en anthropologie à l’Université de Haïfa, est enseignant au Collège de Galilée occidentale et un animateur d’ateliers d’écriture créatifs pour jeunes adultes au Théâtre de la Liberté dans le camp de réfugiés à Jenin. Ils ont deux enfants (âgés de 4 et 3 ans), mais sa résidence là est totalement dépendante des prolongations annuelles de sa permission de rester à l’intérieur des frontières d’Israël de 1967. Elle n’a pas de droits légaux, pas de droits sociaux, d’assurance-santé et de sécurité. Elle n’est pas autorisée à conduire ni à avoir un emploi et dépend donc totalement de son mari Taiseer. Cette situation crée de grandes frustrations pour Lana qui avant était indépendante et a travaillé près de 4 ans au ministère de la Santé à Jenin. Avec la décision de la Cour suprême, elle ne peut jamais obtenir un statut de citoyenne ou même de résidente permanente. Dans le meilleur des cas, elle pourrait obtenir un renouvellement de la permission qui lui permet seulement de rester avec sa famille, si elle a de la chance, et ne perdra pas la permission de vivre à Acre. Ceci est l’horrible réalité de près de 25.000 familles en Israël. Dans les couples où la situation est l’inverse et le mari vient des Territoires occupés, la séparation est absolue car la plupart des hommes ne recevront pas la permission d’entrer/de rester en Israël. Dans les deux situations, les femmes souffrent d’une humiliation intense et de privations. De plus, les Khatibs ne peuvent pas choisir de vivre à Naplouse comme Mr Khatib est un citoyen israélien et en fonction des lois introduites après les accords d’Oslo, les citoyens israéliens ne sont pas autorisés à vivre dans des villes palestiniennes qui se trouvent dans la section « A » des territoires palestiniens divisés. Nous sommes très préoccupés par la dernière décision de la Cour suprême et ne pouvons pas rester indifférents à ces développements récents. Nous attendons qu’Israël en tant que pays démocratique reconnaisse ses obligations envers les valeurs des droits humains. Nous appelons le gouvernement israélien et l’ambassade, en tant que représentant du gouvernement israélien, à amender la loi de la citoyenneté et de permettre à toutes les familles dans cette situation à jouir pleinement de leurs droits humains. C’est de la responsabilité d’un gouvernement démocratique. Sincerely,
Etudiants et enseignants à l’Université de -------------------------------------------
Et ainsi, Gunter, les résistants, les gens de conscience, continuent dans leur propre pays et envoient des appels, des informations dans le monde entier. Cette fois-ci, on ne pourra pas dire qu’on ne savait pas. Des jours sombres se profilent, semble-t-il pour cette tête grise ; dans toutes les élections principales d’Europe, les partis de droite ont obtenu des soutiens – et en Amérique, beaucoup d’Américains juifs, se détournent d’Obama dans leur dévotion aveugle au principe qu’Israël ne peut rien faire de mal. Des oligarques de droite arrosent d’argent les candidats qui assureront la sécurité de leur position intouchable de classe. C’est une tempête parfaite et en Hongrie, on voit les nuages sombres qui pendent un peu plus bas ; « l’autre » exilé a un son familier – les Roms, les homosexuels, les migrants, les Juifs – les Juifs dont beaucoup pensent une fois de plus qu’ils se distingueront des immigrants musulmans diabolisés, et seront bien accueillis dans de nouveaux paradisios nationalistes. Toi et moi, Gunter, nous ne serons probablement plus là pour cette deuxième ou une centième arrivée de haines de masse, et ainsi nous restons éveillés la nuit, dans une obscurité pourpre, pensant aux jeunes féministes russes punks résistantes, criant hors de leurs prisons, aux écrivains et militants chinois, qu’on a vu sortis de la rue et mis à l’écart par ces prisons plus petites, aux prisonniers palestiniens, ramassés par la FDI, sans donner de raisons ou sans espoir d’assistance. L’Amérique a déclenché dans le monde la raison d’être des guerres préventives et des régimes oppresseurs de toutes sortes ont gentiment emprisonné sans explication. La nuit dernière, vieil homme, c’est le fantôme de Salvador Allende qui est sorti de l’obscurité, triste, si triste ; après son assassinat par une Amérique démocratique, tout était possible. Les gens n’ont jamais posé les questions qui auraient dû être posées, ou ils se rangèrent à la réponse, il était un communiste, donc tuez, elle était une Palestinienne, donc tuez, il était un Kurde, donc tuez, elle était une Rom, donc tuez, ils étaient des immigrés, donc tuez, ils étaient des Juifs, donc tuez, ils étaient des Chrétiens, donc tuez, ils étaient des Musulmans, donc tuez, elles étaient des femmes, donc tuez, ils étaient queer, donc tuez. Un jour, j’ai été cette jeune femme tenant le bout d’un calicot, qui se trouve au début de cette élégie, pendant chaque décennie, nous étions là pour le changement, pour l’espoir, et nous vivons encore toujours notre politique dans la rue, mais c’est dans le bleu-noir de la nuit, comme cette nuit qui tombe sur la jetée à Lorne, sur la Route du grand océan, dans l’hémisphère sud, ce temps s’arrête juste un moment, un long moment de réflexion, oh vie, qu’avons-nous fait, avons-nous fait assez, avons-nous compris dans notre petit soi-même ce que signifiait d’être cette chose appelée humaine. Avons-nous dit ce qu’il fallait dire.
Joan Nestle
9:08 AM (2 hours ago)
to Edith
Thank you, merci, as always, Edith for your translations. Yes, age, such a speeding train in one way, the other--always trying to make sense of this human way--with each slow thought of the heart--in appreciation, Joan
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