Thursday, April 18, 2013

Haunted by Prisoners

I know  I have fallen silent once again; as my body struggles with basic things, public-private words do not come like breathing. I am learning every day the outward silences, stillnesses of motion, that come with celluar tiredness, but my thoughts are not quiet, my "indignation" as the French social critic so rightly put it, does not lie quiet and even more, my sadness at what we are doing to each other, tumbles over inside of me. I have been thinking of prisoners, thinking of the Palestinian prisoner, a cancer patient who died on a bed of pain, without comfort, of the thousands of other Palestinian prisoners locked away in dead man's cells, out of the reach of our vision, out of our knowledges if we so chose to live in ignorance--and we do, we do. I who know  the meaning of cancer, the tolls it takes on the body, the burden on the spirit to fight against the weight of such a  raucous life form, the wonder a clean bed and a caring hand brings, the knowledge that those around you want you to live, sit quietly thinking of the prisoner's last days, his aching body touched only by the brutal hand of the Israeli prison system, by the weight of a killing extreme nationalism, and see only heartless torture. I am ashamed of my own life, deemed worthy enough to get treatment while so many others in all the prisons of the world, the unseen, the made unknowable, reach out from between their bars and touch only emptiness.

Many years ago now, Angela Davis, she of the Soledad Brothers, knew that prisoners, their treatment, their identities, their race and class, their rights and their abandonments were at the heart of how the United States fails as an inclusive nation, at the heart of what Democracy really means.I have been thinking in these quiet moments of mine of how Democracies and Love of Prisons can be so closely allied. Those hands, often brown, wrists resting on the cell door's cross bars, the iron giving not an inch to the needs of flesh, they interrogate our Democracy.Our prisons will swallow us.



Hantée par des prisonniers, Translated by Edith Rubinstein

Je sais que je suis restée silencieuse une fois de plus ; comme mon corps se débat avec des choses vitales, les mots publics-privés ne viennent pas comme la respiration. J’apprends chaque jour les silences extérieurs, l’immobilité de mouvement, qui viennent avec la fatigue cellulaire, mais mes pensées ne s’arrêtent pas, mon « indignation » comme le dit si bien le critique social français, ne reste pas tranquille et plus encore, ma tristesse de ce que nous faisons les uns aux autres, culbute à l’intérieur de moi. J’ai pensé aux prisonniers, j’ai pensé au prisonnier palestinien, un patient du cancer qui est mort sur un lit de souffrance, sans commodités, aux milliers d’autres prisonniers palestiniens incarcérés dans leurs cellules de mort, hors d’atteinte de notre vision, hors d’atteinte de notre connaissance, si on choisit de vivre dans l’ignorance – et on le fait, on le fait. Moi qui sais ce que signifie le cancer, les traces qu’il laisse sur le corps, le fardeau sur l’esprit pour lutter contre le poids d’une forme de vie si rauque, la merveille que procure un lit propre et une main qui prend soin de vous, de savoir que ceux qui sont autour de vous veulent que vous viviez, je suis assise tranquillement en pensant aux derniers jours du prisonnier, son corps endolori touché uniquement par la main brutale du système de prison israélien, par le poids d’un nationalisme extrême mortel, et voit seulement une torture cruelle. J’ai honte de ma propre vie, jugée comme suffisamment valable pour recevoir un traitement alors que tant d’autres, dans toutes les prisons du monde, les invisibles, les rendus inconnaissables, tendent les bras entre leurs barreaux et ne touchent que le vide.

Il y a bien des années, Angela Davies, celle des Frères Soledad, savait que les prisonniers, leur traitement, leurs identités, leur race et classe, leurs droits et leurs abandons étaient au cœur de la manière dont les Etats-Unis comme une nation complète, au fond, n’ont pas réussi à comprendre ce que la démocratie signifie réellement. Dans ces moments tranquilles à moi, je pensais comment les démocraties et l’Amour des prisons pouvaient être si étroitement alliés. Ces mains, souvent brunes, les poignets reposant sur les barreaux de la porte de la cellule, le fer ne donnant pas un pouce des nécessités de la chair, elles interrogent notre démocratie. Nos prisons nous avaleront.      

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